Article rédigé par Sophie Bernard | Le 30 septembre
Lancé tout récemment, le projet We Shift est réellement le bébé d’Edouard Mondron, un jeune Belge trentenaire qui a vécu des changements dans sa vie et qui s’est dit qu’il fallait parler de ces « shift » que vivent certaines personnes et qui pourraient inspirer d’autres. Lors d’un passage à Montréal, il croise par hasard David Noreau, fondateur et président de Smartcut Agency, une agence qui aide les producteurs et les réalisateurs à tourner à l’étranger en coordonnant la logistique nécessaire pour faire une production à travers le monde. Nous avons discuté de « We Shift » avec ce dernier.
« J’ai rencontré par hasard Edouard Mondron alors que j’étais sur le point de lancer Smartcut, explique David Noreau. Il m’a parlé de son envie profonde de réaliser ce projet, mais, au départ, je n’étais pas convaincu. Nous nous sommes revus par la suite, le projet s’est transformé et nous l’avons développé ensemble. » D’ailleurs, on retrouve d’autres Québécois dans l’équipe de production, soit Caroline Larocque-Allard à la réalisation, David Marcotte à la direction de la photographie, Emeline Petit comme chargée de projet et Erica Pomerance aux sous-titres. David Noreau s’y retrouve lui-même engagé à titre de producteur délégué. « Smartcut se veut une agence de tournage à l’étranger, nos clients viennent de partout, dit-il. Or, mon idée n’était pas de faire de la production; je veux travailler avec des boîtes de production. »
Entièrement financé par Edouard Mondron et une mécène, « We Shift » propose 17 capsules de personnes ayant vécu un changement, dont la princesse et journaliste Esmeralda de Belgique. Le tournage s’est déroulé sur 40 jours et 40 nuits dans cinq pays (Allemagne, Belgique, France, Royaume-Uni et Pays-Bas), avec des drones et une équipe conséquente. Partie dans un VR, cette dernière s’est fait voler la plupart de son matériel, drone, caméra et lentille, alors qu’elle venait de terminer le tournage d’une femme qui vit sans argent depuis 20 ans. Pendant le tournage, l’initiateur de « We Shift » a également appris que son père était atteint d’un cancer. « Tout aurait pu basculer, note David Noreau. Mais Edouard a continué. Ils ont rencontré beaucoup de gens sur la route, toutefois, la plupart des sujets avaient été trouvés avant le départ de Bruxelles. La préproduction a pris très peu de temps, on a été bousculé, mais on ne pouvait plus reculer. Nous avons tous déployé nos réseaux respectifs pour dénicher les personnages. » D’autres personnages devraient s’ajouter, mais rien n’est confirmé pour le moment.
Lors du prélancement, la bande-annonce a été vue 25 000 fois en 48 heures. Ce qui étonne, dans ce « We Shift », est la méthode de distribution. Lorsque le public va sur le site « We Shift ou la page Facebook », il accède à une bande-annonce d’une minute. Pour avoir la version complète, il faudra partager, sur son profil personnel, la bande-annonce de la capsule. « Ce système de distribution a été pensé en vue d’offrir une visibilité maximale à « We Shift », tout en préservant la gratuité du contenu », précise-t-on dans le dossier de presse.
De son côté, la barque de Smartcut Agency, officiellement lancée en juin 2015, navigue bien. En un an d’existence, la boîte a signé un contrat avec DENTSUBOS (un tournage au Portugal et en Italie). Elle travaille actuellement avec la productrice et réalisatrice américaine Tracy Droz Tragos, dont les documentaires ont reçu plusieurs prix, entre autres un Emmy du meilleur documentaire en 2014 pour « Be Good, Smile Pretty », lui facilitant des tournages en Finlande et aux Pays-Bas. Smartcut collabore avec Zone3 et A media, la maison de production de Guillaume Lespérance.