Tournage sans frontière

Tournage sans frontières


Une nouvelle agence veut redonner ses lettres de noblesse à la couverture internationale

2 juillet 2015  |  Karl Rettino-Parazelli | Médias

Une nouvelle agence entend redonner ses lettres de noblesse à la couverture internationale en épargnant le portefeuille des médias et des boîtes de production à court de moyens. Reste maintenant à voir si le milieu québécois sautera sur l’occasion.

Lancée à la mi-juin, Smartcut Agency — anciennement LaToile.tv — se présente comme une agence de services de tournage à l’étranger, la seule du genre au Québec. Elle offre des services en tous genres qui permettent à des maisons de production, des médias, des agences de publicité ou même des entreprises de jeux vidéo de réaliser leur projet à moindres coûts dans une cinquantaine de pays.

Selon les besoins du client, l’agence peut déployer sur le terrain une équipe de tournage entière ou partielle, effectuer du repérage et de la recherche, ou encore s’occuper des besoins logistiques (permis, autorisations de tournage, hébergement, sécurité, etc.). Elle compte sur un réseau de 500 collaborateurs à travers la planète.

 
Tournage sans frontière

                Massoud Hossanini Agence France-Presse

« Le but, c’est de compenser le manque d’argent et de répondre à la demande pour du contenu international, explique le président et fondateur de Smartcut Agency, David Noreau. Ce n’est pas facile et c’est coûteux de préparer un tournage à l’étranger, donc tout le monde est gagnant. »

Lui-même journaliste, M. Noreau affirme que son entreprise compte sur des professionnels « qui ont fait leurs preuves » en collaborant avec différents médias bien établis (BBC, l’Agence France-Presse ou Al Jazeera). « Tant mieux si ça peut augmenter l’intérêt des producteurs pour la couverture internationale », ajoute-t-il.

Le nombre de projets menés à terme par LaToile.tv (fondée en janvier 2014) se compte sur les doigts d’une main, mais M. Noreau croit que Smartcut Agency, dont les services sont plus étendus, répondra aux besoins de plusieurs acteurs de l’industrie audiovisuelle, au Québec comme ailleurs.

Utile, selon les cas

Parmi les projets déjà mis en branle grâce à Smartcut, il y a celui d’Édouard Mondron, un producteur basé en Belgique. Il a bénéficié des services de l’agence lors de la préparation du tournage de capsules Web qui aura lieu en Europe au mois de septembre. Smartcut s’occupera ensuite du montage, à Montréal.

« On part en voiture à travers six pays et Smartcut a des contacts dans tous ces pays. Ça facilite donc l’organisation parce que lorsqu’on passe d’un pays à l’autre, on sait que quelqu’un sera là pour nous accueillir », raconte-t-il.

La réalisatrice québécoise Hélène Choquette, dont les documentaires montrent depuis des années des réalités méconnues aux quatre coins de la planète, parle elle aussi d’une « très belle initiative ». « Je me vois très bien utiliser leurs services pour trouver un fixer [accompagnateur] ou un interprète dans le cadre d’un reportage ou du tournage d’images complémentaires pour un documentaire dans un pays où je n’aurais pas de contact. Cependant, pour ce qui est de l’ensemble d’un tournage documentaire à l’étranger, je préférerai toujours partir avec mon directeur photo et mon preneur de son, qui sont bien plus que de simples techniciens », fait-elle valoir.

Elle précise que ces postes clés sont admissibles aux crédits d’impôt, qui constituent une source de financement essentielle pour les productions québécoises.

Le producteur et fondateur de la jeune maison de production montréalaise Magasin général, Patrick Fauquembergue, considère pour sa part que Smartcut « tombe à point dans la réalité des médias d’aujourd’hui », qui manquent de ressources financières pour financer des projets à l’international. « J’y ferais appel si j’en avais besoin », dit-il.

« Ça pourrait inciter des producteurs à mener des projets d’envergure à l’étranger, mais il faut que les diffuseurs embarquent », nuance-t-il.